
Si vous recherchez un film fantastique
« kitschissime » mais sans mouche, avec dans le rôle
titre Jeff Goldblum, vous êtes arrivés à bon port.
Une gazette américaine, type immonde
torchon, reçoit une cassette prouvant que Frankenstein est bel et
bien vivant. Le rédacteur en chef toujours à l’affût d’un
potin idiot pour nourrir sa gazette (rien avoir avec notre Christophe
donc), va y envoyer son fiston et un de ses meilleurs journalistes.
Si le fiston ne rechigne pas devant les
ordres de papa, Jack ne l’entend pas de cette oreille : il
pensait avoir été engagé pour relever le niveau dudit torchon.
Erreur, son rôle est seulement de relever le niveau du vocabulaire.
Le voilà donc parti en Transylvania, avec Gil, son consciencieux
collègue à la découverte de cette contrée exotique où l’on
trouvera un vampire femelle très sexy, un loup garou très poilu et
bien d’autres surprises.
Au vu de l’affiche, vous devriez déjà
savoir à quoi vous attendre : une série B à l’humour fort
potache. Le genre de film grand public que vous pouvez regarder avec
mémé sans qu’elle repeigne le salon version Picasso.
Le métrage de Rudy De Luca est en
effet construit comme une suite de gags, liés entre eux de façon
tout à fait cohérente. L’humour transpire de chacune des
séquences du film, grâce à un choix scénaristique, certes assez
discutable, mais totalement efficace : les transylvaniens ont un
humour très vaseux et sont particulièrement lourds.
L’archétype de l’humour
transylvanien étant incarné en la personne de Frejos, l’homme à
tout faire de Lepescu, l’hôte des deux journalistes américains.
Le sommet est atteint lors d’une scène où Frejos fait des blagues
avec diverses prothèses. Boutades qu’il ponctue systématiquement
d’un « Ca bon, ou bien ?? Ca drôle ?? »,
empreint de son accent scandinave.
Cependant les américains ne sont pas
en reste :
Gil [à son père] : « Mais,
je suis ton fils ! »
Le père [Rédacteur en Chef] :
« Prouve-le ! »

Jeff Goldblum est impeccable en
dragueur blasé et incrédule, parfait contrepoint de Ed Begley Jr.
qui lui, incarne un personnage qui mord à tous les hameçon. Le duo
est parfaitement équilibré, et le journaliste naïf et un peu
crétin ne fait pas office de Side Kick du grand et gentil héros.
Ainsi il n’y a pas un, mais deux « héros ». Quoi que
le terme héros soit assez mal choisi en l’occurrence, les deux
personnages principaux étant chacun frappés d’importantes tares.
Du côté des Transylvaniens, on
retrouve l’excellent Jeffrey Jones, habitué des seconds rôles
(« Vorace », « Howard the Duck ») qui campe
ici un inquiétant propriétaire terrien. S’il est lugubre, il n’en
demeure pas moins transylvanien, d’où un humour débridé et un
rire bien gras.
Aux côtés de ces grands acteurs,
évolue tout un panel de talentueux seconds rôles, dont Jone Byer
(Radu le serviteur) et Carol Kane (Lupi, sa femme – un vrai pot de
colle) qui campent un couple pas piqué des hannetons.

La raison ? L’humour potache et
les restrictions budgétaires sont totalement assumés. De l’avion
en plastique au train miniature en passant par les effets parfois
cartons-pâtes, Transylvania 6-5000 regorge de ce charme désuet,
typique aux séries B des années 80. La coproduction
Yougoslavo-Américaine ne s’économise pas en effets kitsch et
c’est tant mieux.
En vérité, le tableau ne serait pas
complet si le film ne disposait d’une chanson titre totalement
démodée (en fait, il est même difficile de croire qu’elle ait pu
être à la mode un jour). Le genre avec un orgue électronique et
des effets vocaux à outrance.
Il est une anecdote intéressante à
propos de Transylvania 6-5000 qui explique la collaboration entre la
Yougoslavie et les Etats-Unis.
Le film a en effet été produit par Dow Chemical Company, une entreprise américaine
délocalisée en Yougoslavie. La firme avait alors des fonds
« gelés » en Yougaslvie, c’est-à-dire une somme
d’argent qu’elle ne pouvait dépenser hors du pays. Par
conséquent, pour utiliser au mieux ces crédits, la Dow a décidé
de financer cette seconde et dernière réalisation de Ruby De Luca.
Cependant la carrière du bonhomme ne s’arrêtera pas là,
puisqu’il apparaîtra au générique de nombreux métrages en tant
que second rôle ou scénariste.
Au final une sacrée comédie,
complètement tirée par les cheveux, mais qui a le bon goût de
profiter de l’incroyable atmosphère des pays de l’Est.
« Ca bon, ou bien ?? Ca
drôle !! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire