lundi 22 août 2011

Dead Man's Shoes

Réalisateur :  Shane Meadows – Scénario : Shane Meadows, Paddy Considine, Paul Fraser – Année : 2004 – Pays : Royaume Unis – Musique : Aphex Twin – Avec : Paddy Considine, Gary Stretch & Toby Kebbell

Pour ceux qui n'auraient pas encore compris que le Royaume Unis représente une belle part de l'avenir de la création audiovisuelle, voici une petite critique qui leur permettra (éventuellement) de réviser leur avis.

Richard (Paddy Considine) a quitté l'armée pour revenir dans la petite ville où il a toujours vécu avec son frère Anthony. C'est d'ailleurs pour s'occuper d'Anthony que Richard est de retour.

Son frangin souffre d'un léger handicap mental et pendant que Richard servait son drapeau, les petites frappes de la villes ont profité de la crédulité de Anthony. Ca, Richard ne peut l'accepter. C'est pourquoi il a décider de se venger. Un par un, il va tenter d'éliminer les gredins.
Mais d'abord, il va leur donner un coup de semonce. Richard va donc s'introduire chez chacun des malfrats pour les informer qu'il est de retour, et qu'il va les faire payer.

Petite perle témoignant (s'il en est encore besoin) de la vitalité du cinéma indépendant, Dead Man's Shoes fait carton plein.




Pour l'heure Shane Meadows est surtout connu pour le regard acide jeté sur le royaume unis par son film « This Is England ». Cependant le cinéaste indépendant britannique ne manque pas de gaz sous la pédale. J'en veux pour preuve le viscéral Dead Man's Shoes dont il est ici question. Pour faire simple, Dead Man's Shoes réussit à tous les niveaux où le pédant et discutablement fasciste « Death Sentence » échoue. Les deux films présentent d'importantes similarités, ne serait-ce que le thème de la vengeance. Toutefois James Wan, justifie tout à fait la vendetta du père, et se permet d'y apporter son crédit personnel, lors d'un making-of d'une rare complaisance.

Au lieu de se toucher la nouille en tentant de convaincre le spectateur que la virilité c'est se faire justice soit même, Shane Meadows apporte un regard plus nuancé sur les actes du personnage vengeur. Cela ne l'empêche aucunement de suivre les codes du genre, et de présenter la violence sous son aspect libérateur. La vengeance de Richard est justifiée mais pas cautionnée (et encore moins consensuelle).


Toute la finesse du cinéaste et de son scénariste est de faire monter le climax très rapidement et de le maintenir à son apogée pendant une importante portion du métrage. Cette petite acrobatie est accomplie en révisant les codes du genre (en l'occurrence le rape (?) and revenge). Au lieu de s'embourber dans une narration chronologique qui fait partie des poncifs du genre, Shane Meadows, Paddy Considine et Paul Fraser éclatent le déroulement du film. La trame de Dead Man's Shoes est donc caviardée de flashbacks et de sensations mélancoliques. Cette technique permet au cinéaste de distiller les informations concernant les personnages. Si l'on sait dès le début que Richard veut massacrer les petites frappes, on ne peut qu'en deviner la raison. A mesure que le film avance, les personnages se dévoilent, et leurs motivations apparaissent plus claires.
Cela change du sempiternel fait générateur de la vengeance (en général le « rape » ou « viol ») puis vengeance (le « revenge » donc) qui intervient pour libérer le spectateur de la tension créée par le viol.

Ce morcellement chronologique de l'histoire permet à Dead Man's Shoes d'atteindre une certaine finesse, et surtout de s'intéresser réellement à ses personnages et de créer une ambiance magnifique. (les villes dortoirs isolées de l'Angleterre se prêtent à merveille à ce genre d'intrigue).



La finesse de Dead Man's Shoes n'empêche aucunement le film d'aller au bout des choses. Mais il le fait de façon intelligente.
Après quelques minutes d'un générique pendant lesquelles les personnages déambulent dans la campagne anglaise sur fond de musique folk, c'est la douche froide. Directement, le spectateur est happé dans les godasses de Richard. L'ancien soldat se réveille, allongé sur quelques palettes de bois, sa voix vient chercher le spectateur : « God will forgive them. He'll forgive them and allow them into Heaven. I can't live with that. » [NdR : « Dieu leur pardonera. Il leur pardonnera et il les laissera entrer au paradis. Je ne peux pas le supporter »].

Le travaille musical accompli témoigne lui aussi du soin apporté à Dead Man's Shoes. Le musique est le plus souvent légère et enjouée, et n'adopte que rarement des teintes foncièrement mineures. L'effet semble de prime abord de contraster avec l'atmosphère noire du film, et la photo grisâtre (l'Angleterre dans toute sa splendeur...). Pourtant, cela me semble en corrélation avec les personnages principaux dont l'un est innocent (Anthony) et l'autre son garant (Richard). En outre, la combinaison de ces notes et des images puissantes ne fait que renforcer le pessimisme global qui suinte du film.



Malgré quelques choix faciles mais aussi nécessaire que justifiés, Dead Man's Shoes en met plein la tête de celui qui s'y penchera. Même si certains pourront penser que certains éléments de l'intrigues sont convenus ou attendus, ils n'en demeurent pas moins que de simples éléments, et non pas des twists. Alors si vous voulez profiter du film, ne vous y arrêtez pas. Il y a bien plus dans Dead Man's Shoes qu'un twist quelconque, ou qu'une intrigue à démêler.

Il y a avant tout des personnages profond et touchant relayant un certain malaise.

Comme quoi, au cinéma, ce qu'il faut avant tout c'est une bonne histoire. Et c'est à ce titre que Dead Man's Shoes écrase purement et simplement l'insupportable « Death Sentence ». La même thématique, traité de deux façons diamétralement opposées.
1-0 pour les Britishs.





1 commentaire:

  1. J'avais beaucoup aimé, meme si j'avais deviné le twist depuis le début en fait. Des images fortes et un film assez tragique. A découvrir !

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