dimanche 20 mai 2012

PERVERT !

Réalisateur : Jonathan Yudis – Scénario : Mike Davis  – Année : 2005 – Pays : USA – Musique : Elliott Goldkind  – Avec : Mary Carey, Sean Andrews, Darrell Sandeen, Juliette Clarke, Sally Jean, ...

Un métrage unique, qui vous fera jaillir les yeux hors de leurs bites. A consommer de toute urgence, Pervert! est destiné à une (pervers).

Le scénario - aaah soupir d’immense satisfaction – conduira James, masturbateur compulsif. Sorti de l’université, il va rejoindre son père pour les vacances.
A peine arrivé, il découvre que son père a une jeune compagne d’une immense beauté. D’ailleurs, chez elle, la beauté n’est pas la seule à être immense. En effet elle arbore une paire d’énormes mamelles, qu’elle agite en gloussant sous le nez de James. Quant à son père, il s’occupe comme il peut, faisant de macabres statues de femmes à partir de pièces de viandes.

La nuit James ne peut fermer l’œil, du fait du bruit émanant de la chambre d’à côté : son père et Sheryl copulent comme des lapins (en plus bruyant bien sûr). Pour couronner le tout, quelque chose rode dans la maison.

Quand Sheryl disparaît, James se pose des questions sur la sénilité de son père. D’autant que l’après midi même de sa disparition, le vieil homme remplace Sheryl par une latine au poitrail aussi proéminent que son ego.
C’est dingue le paquet de pervers qu’on peu trouver dans le désert !




Soyons clairs, Pervert! est purement et simplement une bombe, sexuelle, certes, mais bombe quand même. Comment ? Tout simplement en mélangeant les trois ingrédients nécessaires à tout film d’exploitation qui se respecte : du sexe, du sang et un humour débridé.

Ainsi le métrage de Jonathan Yudis (réalisateur) nous vient tout droit des sixties, et de ses exploitations. Assumant parfaitement son statut de suiveur, Pervert! est présenté comme un hommage à Russ Meyer. Métrage instantanément culte, il se propulse directement au même rang que son inspirateur.
Marchant dans les pas de Russ Meyer, connu sous le doux nom de « Walt Disney du Porno », Pervert! dispose d’un casting féminin recruté à la loche. Il y a là dedans plus de miches que dans toute la boulange de Paris, et ces seins là ne se mesurent plus, ils se pèsent ! Ce choix de casting en faveur des poitrines gargantuesques est bien sûr emprunté à la passion du maître qui se refusait à tourner avec des « petits gabarits. » Il suffit pour constater cela de jeter un rapide coup d’œil aux affiches de films comme « Faster Pussycat! Kill! Kill! » ou à la série des Vixens.
Cependant Mike Davis (scénariste) ne s’arrête pas là, puisqu’il situe l’action du métrage dans un désert aride, décor de prédilection de M. Meyer. Face à la platitude et à l’aridité du désert, les actrices n’en paraissent que plus sémillantes et pulpeuses. Le contraste ainsi obtenu « contraint » le spectateur à focaliser son attention sur le casting.




Au-delà de cet hommage au cinéma de Russ Meyer, Jonathan Yudis confère à son film une imagerie kitschissime, tout droit sortie des années 60. La première chose qui frappe est bien sûr le physique des actrices, car si elles arborent de fières mamelles, ce ne sont pas de demi-portions. Si votre passe temps favoris est de compter les côtes des mannequins à la mode, vous serez alors très déçus. Par contre si vous êtes nostalgique des femmes un peu en chair d’une autre époque, vous trouverez votre bonheur.
Quant aux costumes, maquillages et coupes de cheveux du casting, ils ne respirent pas non plus le XXIème siècle. Et c’est très agréable de retrouver ces tenues, tout aussi typique du cinéma de Russ Meyer. Mais l’aspect visuel rétro de Pervert! ne se limite pas à un amas de couleurs pastelles et d’actrices plantureuses, loin s’en faut.

Le cinéaste pousse en effet le vice, jusqu’à insérer des plans de transition, sorte de petites interludes. Certains d’entre vous se rappellent peut-être de la série télévisée Batman (1966), dans laquelle Adam West incarnait le justicier masqué. Pour lier certaines scènes (particulièrement deux actions ayant lieu dans des lieux différents), l’insigne de l’homme chauve-souris surgissait alors en tournoyant au milieu de l’écran « Batmaaaaan ! »
Pervert! fait usage du même procédé, excepté qu’en lieu et place d’une chauve-souris c’est une pin-up qui établit la liaison.

La touche kitsch finale provient probablement des transitions simples. Si le cinéma d’aujourd’hui ne jure plus que par le plan de coupe, l’insert, et les raccords dans le mouvement, il fût une époque ou les transitions se faisaient par longs fondus, par morcellement de l’écran ou encore par un effet de page tournée. Pervert! remet cela au goût du jour avec une certaine malice.



Il est un autre rapprochement que l’on peu établir. Pervert! est intimement lié au cinéma de Troma. Pas à « Toxic » ou aux « Class Of Nukem High », mais plutôt aux Troma des débuts, lorsque la firme indépendante faisait exclusivement des comédies coquines pour ados. A ceux-ci, Perver! emprunte l’humour débridé et ge ntiment salace.
C’est particulièrement flagrant lors de la scène ou une bouche fellatrice s’affaire sur un épi de maïs, enduit lascivement de beurre. La scène renvoie directement à « The First Turn-On » ou le « héro » invité chez ses beaux parents se carre un épi de maïs dans la bouche et le masturbe compulsivement.

Ce double hommage à deux géants d’un cinéma indépendant jusqu’au bout des seins, ne se prend pas pour autant les pieds dans le tapis. A trop vouloir être respectueux de ses inspirations, Pervert! aurait pu n’être qu’une rétrospective mammaire. Ce n’est pas le cas, le métrage fait preuve d’autant de personnalité qu’un acteur porno souffrant de priapisme à qui l’on aurait donné du viagra. Autrement dit, ça en impose dur.
Le film assume toutes les cartes jouées, et les plaques sur la table avec un sourire moqueur. Le métrage ne se prend jamais au sérieux, et l’intrigue n’est qu’un joyeux prétexte à toute sorte de gags idiots, mais tellement réjouissant. L’apothéose – comme dans toute bonne œuvre de divertissement – se trouvant lors du retournement de situation finale. Lorsque l’assassin est démasqué, toute l’imagination du scénariste est libérée.



En plus de tout cela, le film se permet de proposer quelques scènes comico-gores de qualité. Pervert! se révèle donc être un patchwork cinématographique incroyablement complet et efficace.
D’autant qu’au niveau musical, le film n’est pas en reste, et demeure cohérent dans sa démarche, en proposant des titres qui ne départissent pas avec l’époque dépeinte. La chanson titre, composée spécialement pour l’occasion fleure bon le patte d’eph’, les fleurs dans les cheveux, et les guitares malmenées.

C’est donc un sans faute que réalisent Jonathan Yudis et Mike Davis en délivrant un métrage lubrifié au flower-power, et à la graisse d’humour graveleux. Autrement dit un joyeux mélange que le docteur Frankenstein n’aurait pas renié lui-même s’il avait été obsédé sexuel.
Il n’y a donc aucune réponse aux questions métaphysiques que sont : qu’est-ce qui pousse les pervers à agir, le désert est-il la cause de psychoses et autres folies ou encore, à partir de quel bonnet doit on tailler son soutien-gorge dans de la toile de parachute ou du kevlar ? Cependant Pervert! répondra aux cinéphiles exigeants, qui cherchent une petite douceur indépendante à se mettre sous la dent.



A noter que l’actrice phare du film, Mary Carey, est une célébrité du porno outre atlantique.

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